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Paysagistes-concepteurs Le Palmarès du paysage primede belles réalisations

La Fédération française du paysage a pour la première fois, le 19 mars dernier, récompensé des projets de paysagistes-concepteurs, profession en manque de reconnaissance. Retour sur certains d’entre eux.

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1.

Zone commerciale Begreen, près de Troyes

L’agence Métamorphose a reçu le prix Espaces industriels­ et commerciaux pour la zone commerciale Begreen, à Saint-Parres-aux-Tertres (10). « Ces espaces sont souvent dénigrés », regrette Ariane Smythe, de Métamorphose, à Saint-Julien-les-Villas (10), qui a porté ce projet. Engagé dans une démarche « HQE aménagement », le site a vu le jour en 2013. Mutualisation du stationnement, modes de circulation doux, toitures végétalisées, qualité paysagère, traitement des eaux de pluie sur site… l’aménagement de la zone commerciale a répondu à de nombreux critères de qualité environnementale. L’idée était de créer une forêt à la place d’un parking.

Il fallait planter un maximum d’arbres, tout en ayant des possibilités de stationnement et une visibilité­ des enseignes. Le choix a été fait de restreindre la dimension des places pour les véhi­cules à quatre mètres pour donner davantage de largeur aux noues plantées et assurer la pérennité des arbres.

Au total, ont été plantés 656 arbres tiges et cépées, 1 896 plants forestiers, 1 384 arbustes et rosiers, 3 153 vivaces et graminées sur une surface de 120 000 m². Des circulations douces adaptées aux vélos et rollers sont séparées des vitrines par un cordon végétal. Et ce lieu aux allures de parc est même fréquenté le dimanche, alors que les magasins sont fermés, grâce notamment à son aire de jeux.

2.Parc Simone-Veil (cours du Château des Ducs) à Alençon

Lieu méconnu au cœur d’Alençon (61), les anciennes cours de la prison du château des Ducs ont été requalifiées à la suite de l’acquisition par la Ville de ce patrimoine en 2011. Sur ce site de 6 500 m² baptisé parc Simone-Veil, Atelier Strates en Strates, à Bayeux (14), a fait le choix de s’appuyer sur les murs de la forteresse du Moyen Âge, devenue prison jusqu’en 2010, d’une hauteur de sept mètres, plutôt que de les démolir, ainsi que le prévoyait initialement le cahier des charges. Tout lien visuel et sonore avec l’extérieur est coupé. Dans ces lieux intimistes, le visiteur est en retrait du rythme urbain.

Pour répondre à des enjeux patrimoniaux et spatiaux, les paysagistes ont composé un jardin-promenade aux ambiances variées, en jonglant entre enfermement et évasion. Achevé en décembre 2019, le site est colauréat du prix Parcs de cette édition du Palmarès du paysage, ex-aequo­ avec le jardin extraordinaire, à Nantes (44).

3.Pointe des Baleines, à l’île de Ré

La pointe des Baleines, à Saint-Clément-des-Baleines, dans l’île de Ré (17), est un site touristique très sollicité. Le phare des Baleines et ses abords ont connu une forte augmentation de la fréquentation, ce qui a entraîné des dégradations progressives. D’un point de vue architectural et paysager d’abord, mais aussi écologique. Le confort et la sécurité des usagers se sont aussi détériorés.

L’agence Phytolab, à Nantes (44), également responsable du Jardin extraordinaire dans la carrière Miséry, s’est attelée à la requalification de ce lieu. « La proposition de Phytolab met en avant le savoir-faire des paysagistes français », a estimé le jury. Les nouveaux aménagements offrent la possibilité de redécouvrir la pointe par une mise en scène de l’espace et des vues sur le patrimoine. Les paysagistes ont cherché à donner le sentiment de ne pas être intervenus.

Ce projet a permis une remise en scène paysagère totale de l’ensemble de la pointe des Baleines, accompagnée de travaux d’amélioration écologique et de préservation des habitats naturels et refuges d’espèces, tout en régulant le flux annuel d’un million de visiteurs. Un point d’honneur est mis pour le stationnement et l’organisation des accès à ce site, à pied, à vélo ou en voiture. Mais le projet dépasse la simple réponse fonctionnelle. Il rend d’abord plus clair et plus lisible cet emplacement de 70 000 m². Mais, surtout, « l’organisation de l’espace, ses formes et cette grande perspective mettent à l’honneur une réinterprétation de l’art des jardins dits à la française, ainsi que leur géométrie », constate le jury. Les travaux se sont achevés en novembre 2018. Le projet a reçu le prix Infrastructures et mobilités.

4.Jardin des migrations du fort Saint-Jean, à Marseille

Surplombant le port de Marseille (13), le Jardin des migrations a été conçu en lien avec la création du Mucem (musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), sur les murailles, les bastions, les places et contreforts de l’ancien fort Saint-Jean. Pour évoquer le brassage d’hommes et de plantes dans cette ville, gros carrefour de commerce, l’agence APS, à Valence (26), a imaginé un jardin sec. Quinze « tableaux » mettent en scène un parcours botanique sur 15 000 m². Parmi eux, la cour des orangers, le jardin des myrtes, les figuiers suspendus, les aromatiques, le potager méditerranéen ou encore le jardin du vent. Déjà lauréat des Victoires du paysage 2014 dans la catégorie « Collectivités – jardin urbain », cet espace riche d’une collection unique de plantes a reçu le prix Jardins pour cette première édition du Palmarès du paysage organisée par la Fédération française du paysage. Commandé par le minis­tère de la Culture et de la Communication, le projet a été réalisé par les paysagistes de l’agence APS. « Sept ans après la fin du chantier, le site est aujourd’hui à maturité », note Jean-Louis Knidel, l’un des paysagistes de l’agence.

Léna Hespel

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